Fort d'un excellent troisième album à consonnance électro, bdrmm reviennent à Paris pour se produire dans une salle à la hauteur de leur popularité croissante. En effet, après le Point Ephémère, puis le Petit Bain il y a un peu plus d'un an, c'est au tour du Trabendo d'accueillir les Anglais de Hull.

Lorsqu'on pénètre dans la salle Parisienne, ce qui marque d'emblée c'est l'écran voilé posé sur le devant la scène. On s'attend donc à une première partie assez atypique d'un collectif de Leeds dénommé
HONESTY. Une dizaine de minutes avant leur prestation, un écran s'allume à l'arrière de la scène affichant au centre en forme de croix. L'atmosphère est posée. Dès les premiers instants, le concert s'annonce comme une expérience immersive où le visuel et le son fusionnent parfaitement. Deux silhouettes agissent dans l'ombre derrière l'écran, enveloppées de projections hypnotiques de paysages, de mots ou encore de formes abstraites. L'électro est bien entendu de mise, soutenue par une guitare et des percussions. Les images défilent simultanément sur les deux écrans, avec souvent des messages, des mots et une main virtuelle qui revient régulièrement positionner des éléments projetés. A l'issue du premier morceau instrumental, un troisième membre se positionne derrière un clavier pour interpréter
NIGHTWORLD tandis que le beat gagne en densité.
Le set s'imprègne d'une ambiance sombre et hypnotique, collant parfaitement à l'orientation musicale du groupe. HONESTY sonnent electro abstract et les textures musicales flirtent par moment avec la techno minimale. Un rappeur les rejoint pour deux titres plus nerveux, offrant une montée en puissance avant deux derniers morceaux dansants. La formation quitte la scène trente-cinq minutes et huit morceaux plus tard. Le public semble satisfait de cette performance et la salle du Trabendo s'est bien remplie au fil du set.

Il est 21h lorsque
Angel de Massive Attack résonne dans la salle, alors que la scène où pénètrent
bdrmm s'apparente à un crépuscule bleuté. Le public les acclame et le groupe attaque son set avec le morceau qui donne son nom à l'album :
Microtonic. Le mur sonore qui se diffuse dans la salle n'est pas sans rappeler Mogwai, d'autant que le groupe figure sur leur label depuis maintenant deux albums. Ryan et Jordan Smith sont positionnés aux extrémités de la scène, alors que Joe Vickers, au centre devant la batterie, capuche sur la tête et cheveux rouges, évoque à certains moments Simon Gallup par sa posture. Après ce déluge sonore,
Clarkycat nous entraîne dans un univers plutôt club teinté de mélancolie, porté par un Ryan Smith en grande forme. Après un sobre « Bonsoir, we're bdrmm »,
Push/Pull nous plonge dans une new wave aérienne excitante, qui prend toute son ampleur sur scène grâce aux guitares acérées et au rythme dépotant.
John On The Ceiling, le premier simple de
Microtonic est interprété plus rapidement que la version originale et s'impose comme un moment entraînant.
Le groupe alterne entre les chansons de ses trois albums, trouvant un équilibre entre spleen et énergie brute.
Is That What You Want To Hear ramène au premier disque empreint de mélancolie, et voit le bassiste, Jordan Smith, grimper près de la batterie pour conclure sur un « merci beaucoup ». Joe Vickers est pour sa part finalement vaincu par la chaleur de la salle et finit par abandonner son hoodie.
Lake Disappointment, dernier single extrait de
Microtonic, s'impose avec son électro suffocante et épileptique. On prendra beaucoup de plaisir à entendre
Be Careful malgré un tempo un peu ralenti mais dont la montée noisy s'avère toujours aussi passionnante. En guise de rituel, les quatre membres de bdrmm trinquent ensemble avant d'annoncer le dernier morceau du concert. Cela n'était bien entendu qu'une blague puisque nous n'étions qu'à mi-parcours du set principal.
If... s'élance dans une tension rageuse et se conclut dans un final explosif.
The Noose est ténébreux et le côté punchy de
It's Just A Bit Of Blood contraste follement avec.
Snares vient clore un set puissant, où électro et guitares se sont mêlées à merveille.
Le public en redemande et après une courte pause, bdrmm reviennent pour un rappel aussi intense que le set principal. Le grand classique
Happy permet de retourner vers les sonorités cold wave des années 80. Après un bref interlude,
(Un)Happy offre une sorte de chaos sonore dans lequel le groupe se lâche complétement. Enfin,
Port clôt la soirée dans une énergie débridée. Jordan Smith hurlant à l'audience : « Thank you Paris, it's my favorite song ! Fuckin' move ! ».
Après 1h30 de transe sonore, bdrmm quittent la scène, laissant derrière eux un public conquis. Leur prestation du soir, d'une grande intensité, confirme un peu plus la progression musicale du groupe lors de chaque passage et une capacité à subjuguer l'audience à travers des morceaux intenses et percutants.