The Reytons
Freddie Halkon

Se diriger en ce samedi printanier vers le Cabaret Sauvage à Paris, chapiteau moderne niché au cœur du parc de la Villette, est un régal. Plein soleil, pelouses inondées de parisiens en goguette improvisant les premiers pique-niques à coup de tomates cerises, houmous et bières pas fraîche, c'est donc le cœur léger et la Ventoline en poche que nous partons rejoindre The Reytons, un an tout juste après leur première tête d'affiche parisienne au Trabendo. Quelques centaines de mètres plus loin et dans une salle à la capacité plus conséquente, le quatuor du Yorkshire nous fait ainsi les honneurs de terminer sa tournée britannique et européenne à Paris.

Pour mémoire, nous découvrions en toute humilité The Reytons l'an passé et nous avions été convaincus par l'extrême sympathie de ce groupe qui continue tant bien que mal son petit bonhomme de chemin dans les sphères du rock indé, ce dernier continuant d'être totalement indépendant, donc sans appui de labels à moyens conséquents et en ne comptant que sur son public pour pouvoir se produire sur scène. Cette seconde date en tête d'affiche dans la capitale verra ainsi Jonny Yerrell remercier très chaleureusement ses fans sans qui absolument rien ne serait possible, et cette reconnaissance de The Reytons envers leur public rend chacune de leur prestation un véritable moment de complicité, en plus d'envoyer du lourd niveau décibels.


En attendant, nous découvrons en première partie un véritable talent en devenir, le jeune Freddie Halkon. Seulement pourvu à ce jour d'une poignée de singles sur les plateformes de streaming, Freddie semble déjà faire l'objet d'une belle petite notoriété, à l'écoute des très nombreux anglais présents ce soir qui reprennent frénétiquement ses refrains. La température extérieure affichant plus de 20 degrés, Freddie et ses musiciens ont donc sorti les bermudas et c'est dans une ambiance hyper décontractée que l'anglais nous dévoile en vingt petites minutes ses meilleurs titres. Nous avons affaire à une folk rock mélodieuse et enjouée, la guitare de Freddie menant la quasi-totalité des morceaux, nous évoquant les tous débuts de Declan Mckenna et Jake Bugg. Le brin de voix encore juvénile, les titres s'enchaînent au rythme de la batterie qui apporte beaucoup de coffre au tout et transforme la fosse encore à moitié remplie en petit dancing bondissant. Avec sa gouaille et son accent du Doncaster, Freddie Halkon offre un début de show aussi rayonnant que le soleil qui continue de briller en ce début de soirée. Un jeune homme qui, nous n'en doutons pas, continuera de faire des étincelles sur scène.


La soirée se fait à l'heure anglaise. C'est ainsi que dès 20h45 pétantes apparaissent The Reytons sur la scène du Cabaret Sauvage, cette dernière à nouveau dotée d'une petite armada de néons et autres flashs qui continuent de faire des ravages chez les épileptiques. Nous rejoignent donc Jonny Yerrell, Joe O'Brien, Lee Holland et Jamie Todd qui, sans perdre une seule seconde, entament la soirée tous riffs affutés dehors, et nous emportent pour un peu plus d'une heure de rock alternatif bien suintant et surtout dans une ambiance très bonne enfant. The Reytons continuent d'offrir un son ultra vitaminé, parfait exutoire pour celles et ceux qui viennent les voir entre potes ou même en famille, ce qu'il faut de bordélique mais sans jamais tomber dans le bourrin sans âme.
Le dernier album Ballad Of A Bystander a démontré que le groupe savait sonner un peu plus mature mais sans jamais ralentir la cadence, ses morceaux étant un peu plus structurés et pour certains même, plutôt mélodieux. Nous vous rassurons, The Reytons ne font pas encore dans la pop rock FM mais force est de reconnaître que leur répertoire offre quelques angles plus arrondis, ce qui n'est pas pour déplaire.


L'atout majeur du groupe reste le live, et Jonny Yerrell se donnera à nouveau ce soir à 100%, profitant dès qu'il reprend son souffle pour évoquer avec beaucoup de gratitude le soutien infaillible de ses admirateurs. Ce soir, il se plie à un petit sondage : la salle est donc composée d'une bonne partie de compatriotes britanniques, quelques voisins allemands et espagnols et tout de même d'une majorité de français d'ailleurs déjà présente l'an passé. Une reconnaissance qui poussera Jonny a rappeler de façon très sérieuse qu'un groupe indépendant n'est rien sans le public, et récompensera un couple de fans qui les suit sur toute la tournée d'un pass doré lui offrant la gratuité à vie pour leurs concerts !
Une ambiance presque familiale et un concert qui monte en puissance en seconde partie, avec une petite suite de gros tubes à partir de On The Back Burner, en passant par le fameux Kids Of The Estate et pour clôturer le show le cinglant Broke Boys Cartel, dans la sueur et les fumigènes, à l'image du logo du groupe trônant fièrement sur la grosse caisse de la batterie, alors un fan très zélé réussi à en allumer un, créant l'hilarité parmi les spectateurs et la panique chez le staff de la sécurité.

Ce concert parisien aura clôturé ainsi un pan de tournée conséquent, qui a précédemment mené The Reytons dans de très grandes salles chez eux, en allant même jusqu'au Japon. Les derniers mots seront à nouveau pour les fans français, Jonny les remerciant de leur fidélité et s'étonnant encore candidement de remplir une salle à Paris, se remémorant qu'à leurs débuts il y a huit ans, cette bande de copains n'aurait jamais osé rêver se produire dans notre capitale. Ce nouveau concert de The Reytons fut à l'image de ses membres, joyeux, hyper dynamique et d'une bienveillance qui fait vraiment chaud au cœur, en plus de mouiller les tee-shirts.