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Inhaler
Blossoms

Paris, Zénith - 24 avril 2025

Live-report par Laetitia Mavrel

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Une affiche de haute tenue nous est proposée ce soir au Zénith de Paris, une de celles dont on peut s'attendre à ce qu'elle fasse monter sérieusement le thermomètre, mettre en ébullition les cerveaux, jusqu'à en tremper les chemises de toutes et tous. Non, il n'est pas question d'un concert de post-punk furieux, ni de métal au nom à consonance norvégienne, mais bien d'un plateau qui viendra agiter les hormones et faire tomber en pâmoison quelques uns. Paris accueille les retours d'Inhaler et Blossoms, deux formations à très fort charisme, évidement musicalement parlant mais pas uniquement, nous faisons ici mention au sex appeal des deux leaders, soit Elijah Hewson pour les irlandais et Tom Ogden pour les anglais. Ne mâchons pas nos mots, le Zénith a revêtu ce soir des airs de salle de perm de bahut, une très grande majorité des spectateurs ayant encore l'âge d'aller passer son bachot ou ses partiels.

Et pourtant, notre première surprise ce soir est la configuration de la salle, qui se retrouve bâchée, tant en gradins hauts que latéraux, ramenant la fosse à sa taille minimale. Un demi Zénith qu'on peine à s'expliquer surtout du fait des succès des derniers albums des deux formations, Open Wide et son caractère plus mature pour Inhaler, Gary et ses accents disco pop des plus délicieux pour Blossoms. Les vacances scolaires n'étant pas terminées, on accusera donc également une épidémie de rhume des foins pour se concentrer sur le public au rendez-vous, toutes et tous arborant, comme ce fut le cas à la Cigale en novembre 2023, Stetsons, paillettes et de multiples tee-shirts et pancartes aux mots doux à l'adresse des Irlandais.


Le show débute avec le retour de Blossoms, que nous avions laissés au Trabendo, à quelques centaines de mètres de là fin 2022. Blossoms, c'est toujours Tom Ogden au chant et au brushing certifié 1977, Charlie Salt à la basse, Josh Dewhurst à la guitare, Joe Donovan à la batterie et Myles Kellock aux claviers, ces derniers nous proposant depuis 2016 de bons albums de pop, parfois raffinés, d'autres fois plus mainstream, toujours avec cette facilité à trouver le refrain accrocheur. Un groupe très feelgood, plus que rayonnant, qui nous donne à nouveau ce soir une belle démonstration de son savoir-faire.
Bien qu'en première partie, Blossoms prennent la scène du Zénith comme s'il s'agissait de leur propre concert. Toute l'attention sera portée sur un Tom Ogden continuant sa mutation en dandy, et qui affiche dorénavant une présence qui nous évoque de plus en plus celle de Jarvis Cocker. C'est tout en minceur et en flamboyance que Tom mène le set, vêtu ce soir d'un chandail « moumoute » vert, d'un pantalon fluide et de bottines italiennes, le regard bleu toujours dissimulé derrière cette franche qui défie toutes les lois de la gravité. La setlist propose quatre morceaux de Gary, c'est donc l'occasion de goûter aux nouvelles pépites pop à guitare du groupe, qui prennent beaucoup plus d'ampleur sur scène grâce à la présence d'un percussionniste additionnel, et des nombreux claviers de Myles, qui rivalise d'élégance avec Tom, vêtu quant à lui d‘une très élégante chemise blanche entrouverte qui lui donne à un look qui colle parfaitement à la tendance disco que prend le dernier disque.

Mais Blossoms ne sont pas que fashion, ils sont surtout d'excellents musiciens, et on plonge avec aisance dans cette atmosphère qui se vêt petit à petit d'une patine très funky, avec What Can I Say After I'm Sorry, Gary et Your Girlfriend. Une tout autre version de I Like Your Look nous est livrée ce soir, voyant tous les membres du groupe s'avancer sur le devant de la scène, armés de différents tambours rehaussés de guirlandes électriques, donnant des aires de boites de nuit au Zénith. Les Anglais dégagent des airs à la Parcels, mêlant habilement pop et dance, avec un brin de psychédélisme qui donne au tout ce goût de bohème moderne très tendance. La réponse du public est plus que positive, nombreux sont ceux qui reprennent les refrains en chœur. Tom Ogden précisera qu'il s'agit de leur plus grande scène et mettra ainsi toute son énergie et son charme au service d'un set très réussi.


S'en suit l'arrivée sur scène de Inhaler, déclenchant une vague de hurlements à en faire trembler l'édifice. C'est un public frôlant l'hystérie qui accueille sur scène Elijah Hewson, Robert Keating, Josh Bartholomew Jenkinson et Ryan McMahon, accompagnés du claviériste Louis Lambert. Comme ils l'ont démontré il y a deux ans, Inhaler ne se laissent absolument pas perturber par la frénésie de leurs fans, et le set verra le groupe durant une heure et demie performer avec un professionnalisme hors pair. Suivre la carrière d'Inhaler depuis leurs débuts nous permet d'affirmer que l'aspect « pop idols » qu'ils dégagent ne les atteint pas intrinsèquement. Il est évident que la cible est majoritairement juvénile mais la qualité de leurs titres, qui oscillent entre indie rock et pop aérienne, toujours portés par le chant particulièrement profond d'Elijah, hisse le niveau du groupe dans d'autres sphères. Ce soir, c'est un set carré qui se déroule, laissant peu de place à l'improvisation (si ce n'est, tout de même sous les objectifs des photographes, le petit selfie avec le premier rang d'Elijah). Armés d'une très grosse production, on en veut pour preuve les très nombreuses tables de mixages,sous un lightshow très perfectionné, Inhaler jouent déjà dans la cour des grands.

Pas de surprises niveau setlist, priorité est donnée à Open Wide avec sept morceaux dont les plus efficaces Eddie In The Darkness, Open Wide, Billy (Yeah Yeah) et Your House, l'un des plus dansants qui vient matcher parfaitement avec le set de Blossoms précédemment. Malgré seulement quatre ans de carrière, Inhaler peuvent se vanter d'avoir une belle petite série de tubes (certes surtout dans le cœur des fans car le groupe ne jouit pas encore d'un large public en France), on notera une montée dans les aigues de la salle au son de Dublin in Ecstasy (avec en projection les couleurs du drapeau de la belle Irlande), Love Will Get Your There, l'imparable If You're Gonna Break My Heart et le rockeux My Honest Face.
La production du concert se fait à l'identique des albums, c'est-à-dire de façon imposante, peut-être même disproportionnée, voulant indéniablement faire monter en puissance les titres du groupe sur scène, mais venant plomber un son qui gagnerait à un peu plus de simplicité, les morceaux étant extrêmement bien écrits et ne nécessitant pas autant d'effets. On ne peut cependant pas reprocher au groupe de vouloir, si c'est bien là son intention, tout miser sur ses performances live et peut-être s'éloigner de cette image de groupe « à belles gueules », qui continue de lui coller à la peau. Pas si facile que cela quand on constate l'énorme charisme d'Elijah Hewson, qui continue d'attirer à lui tous les regards, mais le talent et l'extrême sérieux d'Inhaler, jeune formation qui sait déjà composer des mélodies parfaites et très entrainantes, feront la différence.

Ce concert aura apporté une nouvelle pierre à l'édifice des Irlandais, en leur faisant franchir une nouvelle étape dans leur carrière inévitablement ascendante.
setlist
    Blossoms
    Perfect Me
    Oh No (I Think I'm in Love)
    What Can I Say After I'm Sorry?
    If You Think This Is Real Life
    Honey Sweet
    I Like Your Look
    Nightclub
    Your Girlfriend
    Gary
    There's A Reason Why (I Never Returned Your Calls)
    Charlemagne

    Inhaler
    Open Wide
    Dublin In Ecstasy
    If You're Gonna Break My Heart
    A Question Of You
    When It Breaks
    Who's Your Money On? (Plastic House)
    Little Things
    Love Will Get You There
    Just To Keep You Satisfied
    My King Will Be Kind
    My Honest Face
    X-Ray
    Eddie In The Darkness
    ---
    Billy (Yeah Yeah Yeah)
    It Won't Always Be Like This
    Your House
photos du concert
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