logo SOV

Adwaith
Monks
YAANG

Paris, Supersonic - 18 avril 2025

Live-report par Adonis Didier

Bookmark and Share
Trois ans. Trois années que toute la France (ou presque) attendait ça, trois années à regarder des line-up de festivals écrits en gallois pour finalement en arriver à cette unique soirée au Supersonic : un concert d'Adwaith à Paris. Une nouvelle soirée They're Gonna Be Big censée présenter les futures stars de demain, même si quand on a gagné deux Welsh Music Prize on est déjà un peu big, et même si on est surtout venus pour la tête d‘affiche, il était de bon ton d'être là dès 20h pour ne pas louper la première en terre inconnue de YAANG, trio mancunien de disco-punk ultra-sautillant et d'énervés de la boîte à rythmes.


Des claviers kitsch, un chanteur moustachu enchaînant les poses plus homoérotiques les unes que les autres, un guitariste et un bassiste qui jouent du punk les manches remontées en essayant d'avoir l'air méchant, YAANG c'est un sacré bordel de groupe mais qu'est-ce que c'est bon ! Personne ne se prend au sérieux et heureusement vu le ridicule du truc, Davey Moore au clavier et au chant nous fera marrer pendant une demi-heure à tendre les bras et montrer les muscles comme Schwarzenegger, avant de se laisser prendre par le personnage et de tomber le polo, monter sur les barricades pour hurler qu'il est Speed McQueen pris dans un Airport Barfight, tout ça 'Til Morning Light et plus encore. On passe d'une chanson à une autre sans tout comprendre à la cohérence stylistique, mais l'énergie est là et c'est tout ce que l'on demandait pour ce soir, de s'amuser et de sauter dans tous les sens avec les plus kangourous des mancuniens. Alors à la revoyure YAANG, parce que même si tout n'est pas encore très ordonné, le potentiel explosif est terriblement réel, et dites-vous qu'au pire vous passerez toujours un bon moment !


Une grosse embrassade virile entre les membres du groupe plus tard, petit changement de concept mais pas de pays, Liverpool entre en scène avec Monks, quatre moines en tenues assez peu ecclésiastiques faites de chapkas noires et de colliers bling-bling. Et si vous pensiez que YAANG pouvaient faire kitsch, bienvenue dans l'électro-disco-rock monastique de George Pomford, Nathan Johnson, Kali Diston-Jones, et Liam Daly. Des bips bips qui font flash et qui font bloup, des grosses nappes de synthé recouvertes de cocottes de guitare funky, des beats qui n'ont déjà plus la réduction jeune dans les musées, et un chanteur qui tourne sur lui-même en exhibant sa chaîne plaquée, on ne sait pas où on est tombés mais on y est, alors autant danser puisque de toute façon la lumière est passée en mode boîte de nuit. Une ambiance de dancing club qui matche bien avec une fin de set en transition continue entre chaque chanson, des chansons toujours plus remplies de grosses basses au feeling Adult DVD (en moins bordélique) et un premier show hors d'Angleterre assez convaincant, pour des moines qui derrière leurs lunettes noires ont montré un vrai plaisir d'en être et une sympathique connexion avec le public.


Peut-être le groupe le plus oubliable de la soirée ceci dit, mais en passant entre YAANG et Zookraught, ce n'est pas forcément de leur faute. Zookraught, un trio de Seattle qui fait dans l'art-punk brutaliste, et eux personne ne les confond avec des techniciens quand ils montent régler leurs pédales sur scène. Sami, le guitar hero au crop-top moulant et aux énormes muscles, Steph la bassiste aux couettes oranges et au t-shirt « be a slut do whatever you want », et enfin Baylee la batteuse, presque sobre à côté avec seulement ses croix noires sur le visage. Car oui, les américains ont un don pour les looks extravagants, et tout le monde sera maquillé, tout le monde sautera et hurlera, tout le monde crachera sur une Amérique qui part en couille (oui, j'ai écrit couilles et alors y a quoi !?). Zookraught, des punks plus vrais que nature prêts à chier sur absolument tout ce qui ne leur plaît pas et à mettre de hi-kicks dans les micros par excès d'enthousiasme ! Ça chante tous en même temps, ou en décalé, ou chacun son tour, ça joue vite et fort et à l'arrache, enfin à l'arrache plus ou moins parce que jouer à cette vitesse c'est ultra technique, ça pète des cordes, des câbles jack, le concert est un immense bordel, et je sais j'utilise ce mot à tort et à travers mais là c'est vraiment vrai. Le public part en pogo furieux, ça fait des fucks à Donald Trump et ça chante qu'Elon Musk se fait manger par des requins.
Il y a des stickers avec le chat de Steph dessus (ndlr : svp achetez-en, il est trop mignon), et en parlant de chat voici Catwalk, et en parlant de chien voici Pariah Dog, la dernière de la soirée. Sami va tellement monter sur les barrières qu'il s'en ira s'écraser sur un journaliste-photographe qui n'avait rien demandé, mais qui grâce à son impressionnante musculature s'en sortira avec juste quelques bleus. Un foutoir sans nom dont on ne sortira pas indemne, qui nous rappelle que le punk n'est pas mort et que l'Amérique est aussi faite de bonnes personnes qui défendent de bonne cause et qui font de la putain de musique. Oui, j'ai dit putain, et alors y a quoi !?


Eh bien il y a Adwaith, enfin ! Après trois ans à kiffer depuis la sortie de leur deuxième album Bato Mato et à espérer une date quelque part à Paris. Un gros big up à la programmation du Supersonic, qui aura finalement permis au Pays de Galles indépendant d'investir Paris le temps d'un trop court concert, trop court parce qu'avec la sortie d'un double-album nommé Solas il y a deux mois, il y avait de quoi faire durer tout ça deux heures, et est-ce que c'était vraiment trop demandé deux heures après trois ans d'attente !? Mais bref, revenons à Adwaith, le meilleur groupe de rock gallois des années 2020 en pleine période d'expansion territoriale de leur patrimoine linguistique, car le groupe ne chante qu'en gallois et compte bien le faire savoir. « Alors on ne chante qu'en gallois, donc si vous ne parlez pas gallois, allez apprendre bande de b*tches ! » nous lâche Hollie Singer avant d'envoyer Planed pour sa chauffer la voix, accompagnée ce soir par ses copines d'enfance Gwenllian Anthony à la basse et Heledd Owen à la batterie, avec en plus du groupe original Rhys Grail à la guitare, fidèle compagnon du groupe en live depuis quelques années.
Un quartet rodé qui monte gentiment en pression sur MWY avant d'envoyer la sauce sur Coeden Anniben : Hollie lâche sa guitare et prend possession de la scène, Gwenllian balance son groove et jette ses cheveux dans un ballet d'ondulations chorégraphiées, et tout le monde se finit dans la lente lourdeur de Purdan et les danses mystiques de Y Ddawns. La partie space-rock du concert derrière nous, retour aux sources, retour au shoegaze, Addo conclut la demi-heure dédiée au nouvel album et prépare l'arrivée de la merveille absolue du groupe, l'enchaînement final ETO et Lan y Môr tiré de ce sublime et par trop confidentiel album qu'est Bato Mato. Une conclusion enchanteresse qui nous ravit autant qu'elle nous frustre, parce que c'est déjà la fin, parce qu'on en aurait voulu encore plus et qu'on ne peut déjà plus qu'attendre le retour d'Adwaith en terres françaises, et promis on apprendra le gallois si vous revenez !

Alors diolch yn fawr Adwaith, et diolch yn fawr à tous les groupes de cette soirée, YAANG, Monks, et Zookraught pour ce nouveau très beau moment de rock émergeant au Supersonic, et pas de panique vous les reverrez sans doute bientôt, car comme le dit la pancarte juste à côté de la scène : They're Gonna Be Big !
setlist
    YAANG
    Comfort
    Too Much Honey
    Bossa
    Speed McQueen
    Airport Barfight
    'Til Morning Light
    Pressure

    Monks
    Aquarius
    Welcome Home
    Third Location
    100 Percent
    Salt Of The Earth
    Ray Gun (Remix)
    Forever

    Adwaith
    Planed
    MWY
    Heddiw/Yfory
    Coeden Anniben
    Purdan
    Y Ddawns
    Miliwn
    Addo
    ETO
    Lan y Môr
photos du concert
    Du même artiste