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Massive Attack

Paris, Zénith - 24 avril 2003

Live-report par Mister Pink

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Voici mes impressions concernant le concert de Massive Attack du 24 Avril 2003 au Zénith de Paris. Ce fut pour moi une très très grosse surprise et une très grosse claque musicale, ce qui devient habituel et très dure a vivre à chaque fois en cette année 2003, après Zwan, Beth Gibbons et Ben Harper.
L'album n'ayant été fait que par 3D, Daddy G étant en congé paternité, je pensais voir 3D seul avec une armée de pc pour sampler les voix et les instrus, et donc je pensais le Zénith un peu grand, comme pour pratiquement tous les groupes qui y passent...
La première partie est assurée par Dot Allison en acoustique, set assez sympathique mais bon, tout le monde était venu pour Massive et même si Dot faisait partie intégrante de la tournée (je le découvre après) et que sa prestation était de qualité, les gens trépignaient sur place en attendant la suite.
Et là énorme surprise, pas un ordinateur pour la partie musicale .. mais un trio guitare-basse-batterie (Angelo Bruschini-Winston Blisset-Andrew Smalls) et accessoirement sur certaines chansons un synthé (Arden Hart) et un violon (Lucy Wilkins). Au chant, certes on regrettera l'absence de Sinead O'Connor (qui quelques jours après annonce l'arrêt de sa carrière musicale), mais celle-ci est compensée par Horace Andy, Deborah Miller, Dot Allison , 3D et Daddy G, seconde énorme surprise. Le concert est très très visuel, sur un écran géant englobant l'arrière de la scène on peut y lire des informations, des budgets militaires, des dépenses en armement, les messages laissés par des internautes sur le site 100th Window…ce concert est aussi visuel que sonore.
Attaquons la partie musicale et le concert en lui-même. Le concert démarre doucement par 'Future Proof', tranquille jusqu'au milieu de la chanson, où le ton est donné, ce concert sera aussi rock que trip-hop. Le duo basse/batterie se mettant en marche et Angelo commencant un de ses nombreux solos de guitare. Bref une introduction gracieuse et musclée a la fois. Ensuite un second titre de 100th Window, 'Everywhen', titre très calme, mais chargeant l'atmosphère du Zénith, chacun écoutant avec attention le chant d'Horace et les notes du groupe. Premier titre d'un ancien album, Rising Son, avec Daddy G qui arrive sur scène, coïncidant avec l'apparition de messages sur l'écran tels que : "Où sont les armes de destructions massives ?" ou "le monde est il plus sûr desormais ?" Après 1min de chanson démarre sa voix si particulièrement reconnaissable. Ce concert s'annonce pour moi inoubliable. Les riffs de guitare et basse se font lourd et oppressants pour contraster avec la chanson suivante. Elle aussi extraite de Mezzanine, Black Milk Redux arrive avec son ton léger et la voix magique de sa chanteuse Dot Allison. On se sent comme transporté par sa voix, on oublie tout le reste et on ne s'attend pas à ce qui va suivre.
Massive balance là pratiquement sont plus gros succès à un moment où, personnellement, je ne l'attendais pas. Angel arrive donc, son rythme lent et hypnotique suspendant toutes les activités dans la salle. Le solo est de toute beauté et on voit que le groupe n'a rien perdu de sa puissance ni de son génie. A tous les détracteurs, Massive Attack n'est pas mort, loin de là, je ne cesserais de le répéter. Arrive la bombe du dernier album, Special Cases, titre tout aussi absorbant qu'Angel. Tout comme je l'ai dit dans la critique du disque, ce morceau est le premier et le seul qui m'ai sauté aux oreilles lors des premières écoutes du CD. En live il est tout aussi bon, les jeux de lumières et l'ambiance faisant un tout avec la voix de Dot Allison. Ensuite, on continue sur le dernier album avec 'Butterfly Caught'. Le rythme lourd de la basse frappant chacun d'entre nous et sur la fin l'apparition du violon de Lucy Wilkins pour son 1er solo, font redescendre la tension engendrée par les deux précédents titres. Toujours du dernier album, 'Name Taken' arrive ensuite, comme pour réellement calmer le jeux (et pour préparer la suite). Ce titre permet au public un moment de répit, peut-être aussi le seul temps mort de ce concert.
Répit bien mérité quand on sait qu'arrive 'Teardrops', reconnaissable à la première note. Rien à rajouter sur ce titre, déjà très bon en studio, magnifique en concert. Mezzanine refait monter la tension, par des accélérations de rythme et des solos fort bien placés, la salle s'excite dans tous les coins.
Nouvelle surprise pour cette soirée, et comme pour me donner tort, Hymn Of The Big Wheel. Alors que je pensais n'avoir qu'un set composé des deux derniers albums du groupe, voila que l'on nous sert ce qui est pratiquement leur premier gros succès. Les vocalises d'Horace Andy enflamment le Zénith, on n'en crois pas ses oreilles, pas plus que quand j'entend les premières notes de la chanson suivante : 'Safe From Harm' (elle aussi tirée de Blue Line). Vu tout ce à quoi j'ai assité depuis le début de ce show je suis surexcité a l'idée de ce qu'ils nous réservent pour la seconde moitié de cette chanson. Sur 7 minutes, le guitariste s'approprie les 4 dernières dans un ahurissant solo (pour ce type de concert et pour ce à quoi je m'attendais surtout) et laisse le public hagard après la dernière note. Sur l'écran, tout au long de ce solo, les budgets militaires en armement commencant par le luxembourg avec 0,4 milliard et s'achevant de défiler par les USA avec 160 milliards, le crescendo du solo s'accordant avec celui des données affichées.
Toujours sur sa lancée, comme pour achever le public, on part sur 'Inertia Creep'. Son rythme moyen oriental allant de paire avec l'énorme quantité de cannabis déjà consommée par le public. Rien à redire non plus sur cette très bonne chanson, le final un chouilla bourrin, juste comme il faut...
Arf le rappel, ça sent la fin mais on y croit encore et surtout que vu ce à quoi on a déjà assisté on peut s'attendre a tout. Bien m'en a pris, 'Antistar' arrive. Tout comme 'Inertia Creep', son rythme oriental est reconnaissable par tous et j'attends avec impatience le solo de violons. 4 minutes de rêve. Quand celui-ci arrive, la scène se vois plongée dans une pénombre rouge, distinguant à peine les membres du groupe, et on ne voit sur l'écran que des trajets de carte, le nom de stations de métro parisiennes, des noms de villes de la tournée de Massive Attack, filant à toute vitesse, comme si on voulait uu travers des étoiles. L'association du son (violon) et de l'image, alliée à l'atmosphère du concert font que l'on n'a pas envie que cela s'arrête. Mais il le faut bien et le groupe nous prépare de quoi nous consoler avec 'Unfinished Sympathy'. Tout comme 'Hymn Of The Big Wheel', il s'agit là d'un énorme carton de Blue Line et cela signifie que la fin est imminente. La partie vocale sur ce titre est absolument magnifique et lors du refrain elle est poussée à l'extrême, comme pour remercier chacun de nous d'être venus ce soir la.
Après ce merveilleux titre le groupe enchaîne une nouvelle fois sur un titre de Mezzanine (cette fois c'est clair, Protection est radié des setlists, pas de 'Karmacoma' ni 'Spying Glasses' pour ce soir). 'Group Four', qui a la particularité d'avoir des parties assez distinctes (on croirait deux chansons a la suite) avec le début, lent, comme pour nous préparer à la suite et à la séparation. Arrive donc la seconde partie où là, guitare/basse/batterie se donnent à fond, le son saturé bourdonnant dans les oreilles et les donnés affichées à l'ecran ne laissent aucun doute : c'est la dernière chanson. On peut voir au début des chiffres qui varient peu, petits chiffres tel que le nombre de séismes dans le monde depuis le début d'année, puis les donnés changent, les chiffres sont de plus en plus gros et les variations de plus en plus rapides, quantité d'energie dépensée dans le monde, nombre de barils de pétrole fabriqués ou brûlés, nombre de naissances, le tout s'accordant là encore avec une musique qui monte en puissance et qui s'arrête ... laissant le public hurler sa joie et remercier le groupe pour ces 2 heures de folie musicale.
Les deux points noirs sont l'oubli complet (et volontaire) de protection et l'absence de Sinead O'Connor, mais après un concert de ce gabarit, ces deux points sont pour moi très vite oubliés. Vu ce à quoi je m'attendais en allant à ce concert et ce que j'ai vu et entendu, je suis des plus impatients pour Belfort où le groupe assure la fermeture des Eurockéennes, 30 000 personne en plein air et tout un festival pour eux. Après ce concert, une des premières choses que j'ai faite, a été de voir où et quand je pourrais les revoir et donc après Belfort je vais tenter Nîmes en juillet et Paris fin août. Un concert comme celui-ci est quelque chose a vivre au moins une fois (et après on veux y retourner), si on est amateur de ce genre de musique évidement, mais je suis certain qu'un des concerts comme ceux donnés au Zénith aurait convaincu beaucoup de sceptiques. Massive Attack est un groupe de rock, un vrai. Il n'est pas mort, loin de là, la maestria avec laquelle ils ont dominé le Zénith en est une des preuves. L'écoute de l'un de leur concert finira de vous le prouver.
setlist
    00 - intro 01 - Future proof 02 - Everywhen 03 - Risingson 04 - Black milk redux 05 - Angel 06 - Special cases 07 - Butterfly caught 08 - Name taken 09 - Teardrop 10 - Mezzanine 11 - Hymn of the big wheel 12 - Safe from harm 13 - Inertia creeps 14 - Antistar 15 - Unfinished sympathy 16 - Group four
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