Sennen
The Duke Spirit

La répétition des concerts en ce long mois de mai 2008 aurait pu avoir raison de celui de The Duke Spirit mais il n'en fut finalement rien. Exilés dans la petite salle du Point Ephémère en ce vendredi soir ensoleillé, les cinq anglais n'ont pas failli à leur tâche, imperturbables et impeccablement en place, qui plus est soutenus par les fidèles amassés lors des sorties successives de leurs deux excellents albums, Cuts Across The Land et, plus récemment, Neptune. Ajoutez à cela l'excellente surprise que constitue la découverte de Sennen en première partie, et voici tous les ingrédients d'une soirée réussie rassemblés sans difficulté.

Premiers appellés à monter sur scène, Sennen débarquent sur le coup de 20h30 devant une assistance diffuse et peu concernée... dans un premier temps tout du moins. Si les quatre musiciens laissent indifférent à première vue, c'est bel et bien grâce à leur musique que ceux-ci parviennent à se faire remarquer et à attiser la curiosité avec une prestation sérieuse et sans temps mort durant laquelle leur nouvel album, Where The Light Gets In, est logiquement mis en avant. A mi-chemin entre Sonic Youth et Explosions In The Sky pour l'importance acccordée aux guitares et aux rythmiques progressives, le groupe alterne des ambiances planantes et rarement ennuyeuses avec des moments de grâce plus explosifs mis en valeur au sein de compositions étirées, le tout accompagné par deux voix agréables et entrecroisées mais somme toute dispensables. Sans être une révélation auditive, la prestation de Sennen aura été le théatre d'une excellente surprise comme l'on aimerait en voir plus souvent.

Après avoir improvisé une courte balance en raison de l'arrivée tardive de leur matériel à Paris, The Duke Spirit peuvent enfin débuter leur prestation après une courte introduction constituée de la diffusion de I Do Believe. Comme à son habitude, Liela Moss rayonne au centre de la scène, placée sous les projecteurs dans une robe scintillante alors que ses quatre camarades officient avec tout autant de discrétion que de talent. La première moitié du concert est ainsi intégralement dédié à l'album Neptune avec une réussite insolente. Irrésistibles, Send A Little Love Token et Lassoo constituent un duo d'ouverture parfait et mis évidence par une acoustique excellente.
Rapidement enthousiaste, le public se laisse prendre dans un tourbillon sans le moindre raté, les titres constituant une setlist d'excellente facture s'égrainant avec une belle réussite jusqu'à The Step And The Walk. Parfaite vocalement, passée maître dans l'art du jeu des regards, Liela Moss est tout aussi impressionnante qu'au premier jour, celle-ci assurant également de temps à autres de superbes passages à l'harmonica. Premier titre de Cuts Across The Land interprété, Hello To The Floor est chaleureusement applaudi quelques minutes plus tard, alors que les fans de la première heure assistent à une fin de concert nerveuse et jouissive. Complètement libéré, le groupe laisse parler sa puissance sur Red Weather avant un Love Is An Unfamiliar Name hypnotique et captivant, ces deux titres constituant sans l'ombre d'un doute le meilleur moment de la soirée avant un rappel constitué du touchant Wooden Heart et de l'immanquable Cuts Across The Land.

A la vue d'une nouvelle prestation menée tambour battant, The Duke Spirit mériterait amplement un succès tout autre que celui qui est le leur actuellement. Un jour, c'est certain, le groupe se produira dans des salles à la hauteur de son talent.