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Metronomy

Paris, Studio SFR - 8 octobre 2008

Live-report par Kris

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La relativité du temps. C’est sur ce principe même que se base la notion de l’art évolutif. La courbure du temps face à la subjectivité. La souplesse d’une notion par rapport à sa réalité. C’est un peu aussi sur ça que s’est basée la soirée au tout nouveau Studio SFR rassemblant les français Minitel Rose et les anglais de Metronomy.

Tout d’abord le lieu. Plus boîte de nuit que salle de concert, le Studio SFR est une grosse cylindrée, mélange de high-tech et de m’as-tu-vu. Aussi grossier que limité, ce nouveau lieu branchouille parisien est passablement imbuvable. Miroirs jusque dans la cuvette des toilettes, bling-bling en veux-tu en-voilà, entrées sur invitations only, le Studio SFR suinte la prétention, alors que leurs enceintes ne sont même pas capables de cracher correctement les basses de Metronomy. Passons. Entrent en premiers sur scène les français de Minitel Rose. Quarante-cinq minutes de supplice. Entre gêne et fort agacement, le set laisse de ces traces qu’ont aimerait oublier très vite. Bien que l’album The French Machine, dont seront issues toutes les chansons jouées, était somme toute sympathique, la prestation des français sera d’une absolue pauvreté. Plus que de l’ennui, le chanteur inutile, le posage intempestif, les tentatives pathétiques du groupe de « sonner » anglo-saxon à l’image des Teenagers, seront un tout qui rendront ces quarante-cinq minutes de concert comme un long et intarissable calvaire où l’on est même gêné pour cette parodie au cheveu long et sale qui leur sert de chanteur. Seul le gros tube Better Days Part 2 en pilote automatique sortira du lot en fin de set.

Arrivent enfin les très attendus Metronomy, face à un public parisien enthousiaste. Paradoxalement à la situation initiale, les anglais sont les parfaites antithèses du déroulement jusqu’alors de la soirée. C’est peut-être pour ça que leur concert sera si réussi. Sobres, intègres et fortement ironiques (« Des applaudissements pour Internet ! Et pour mes parents ! ») Metronomy semble eux-mêmes se demander ce qu’ils font là. Ils feront néanmoins ce pour quoi ils sont si doués : faire danser sans artifices. Forts de leurs énormes tubes comme My Heart Rate Rapid, Heartbreaker ou encore Back On The Motorway, les Metronomy sont aussi de sacrés showmen passifs-agressifs. En ligne et uniformisés tout de noir vêtus avec lumières autour du cou, chorégraphies cheap et entraînantes, interactions avec le public, les trois musiciens sont réglés comme du papier à musique. Jouant de vrais instruments, usant à merveille de leurs harmonies vocales, les Metronomy délivrent pendant quarante-cinq trop courtes minutes leur musique vintage, pop et romantique. Impeccables et visuellement très kitchs, les chansons jouées, issues en majorité de Nights Out, sont des perles d’hédonisme moderne.

Charismatiques et atypiques, les Metronomy auront sans aucun doute sauvé cette soirée au Studio SFR de leur plein talent. Accessibles et professionnels, il leur manque cependant encore une petite pointe de fantaisie pour atteindre pleinement leur potentiel addictif, pourtant déjà bien conséquent. Deux sets de durée égale, de configuration similaire, et pourtant, tout un monde les séparent. Entre Minitel Rose et Metronomy, un gap. Entre l’art et la manière, une foi incompressible.