Pour de nombreuses personnes, Wichita Recordings c'est avant tout Bloc Party, The Cribs, Bright Eyes ou encore My Morning Jacket. Pour d'autres, plus curieux, c'est aussi Los Campesinos!, Sky Larkin ou encore Lovvers, trois jeunes formations invitées à se produire cette semaine sur la scène de la Maroquinerie à l'occasion d'une soirée Inrocks Indie Club dédiée au label anglais.
Profitant du désistement de dernière minutes des suédoises de Those Dancing Days, Arch Woodman assure l'ouverture de la soirée sur le coup de 19h30 avant que les quatre anglais de Lovvers ne s'installent à leur tour pour une prestation des plus chaotiques. En effet, les lumières de la salle ne sont pas encore éteintes que les premiers problèmes techniques se présentent et que Shaun Hencher, sous ses airs de sale gosse, montre les premiers signes d'un énervement grandissant.
S'ensuit un enchaînement d'une petite dizaine de titres, tous courts, directs et abrasifs, alors que le vocaliste poursuit avec véhémence sa croisade contre l'ingénieur du son de la salle, n'hésitant pas à s'inviter au milieu du public pour improviser avec une réussite un mini-pogo ou s'immerger dans l'ambiance. Si leur récent mini-album flirte avec les treize minutes, leur set du soir en dure au final une petite vingtaine, notamment grâce à la conclusion que constitue un Wasted Youth étiré et irrésistible. Une prestation folle et débridée mais indéniablement explosive.
C'est dans une ambiance bon enfant et plus relaxée que la soirée se poursuit avec l'arrivée sur scène de Sky Larkin, menés avec un entrain contagieux par une Katie Harkin d'humeur joviale et affublée d'un déguisement de sapin de Noël durant l'intégralité de la prestation. En multipliant les notes d'humour envers un public réceptif, le groupe s'attire une réelle sympathie lui permettant de jouir d'un support appréciable tandis de nombreux titres majoritairement pop de leur premier album, The Golden Spike, sont joués avec sobriété et efficacité.
Le ton parfois trop léger de titres tels que Molten ou Fossil, I sur disque est ainsi amenuisé dans des conditions live, offrant en conséquence l'opportunité au groupe de dévoiler une nouvelle facette plus assurée et convaincante de sa personnalité. Une aisance confirmée lors de l'interprétation d'une reprise du single Last Christmas de Wham! et saluée avec joie par un public pour le moins enthousiaste face aux bonnes prédispositions du groupe tout au long du set. Une vraie satisfaction quelques mois seulement après le premier passage du groupe à Paris aux côtés de Conor Oberst.
Place ensuite à la musique dévergondée et décomplexée des joyeux lurons de Los Campesinos!, entassés tant bien que mal sur une scène de la Maroquinerie que l'on aura rarement vue si bien occupée. Une fois encore, la petite troupe se démarque par une débauche d'énergie sans pareille et des mélodies fredonnées, chantées ou criées avec en fond sonore le même enchevêtrement foutraque d'instruments, chœurs et percussions si caractéristique de leurs compositions. Véritable satisfaction du soir, l'équilibre et la précision que le groupe semble avoir acquis à la place de la confusion parfois ressentie à leurs débuts.
Le public tombe rapidement sous le charme des gallois, ceux-ci puisant allègrement dans leur dernier effort en date, We Are Beautiful, We Are Doomed, pour accompagner les meilleurs titres de Hold on Now, Youngster.... Miserabilia et Ways To Make It Through The Wall se révèlent ainsi d'une efficacité redoutable, quand bien même You! Me! Dancing!, International Tweexcore Underground ou encore Sweet Cheeks, Sweet Dreams jouissent bel et bien qu'une qualité d'écriture supérieure tout comme le Broken Heartbeats Sound Like Breakbeats final.
Une fin d'année en fanfare pour la soirée Inrocks Indie Club et son public, sorti de la salle le sourire aux lèvres peut-être pour la dernière fois de 2008.