Il est de ces groupes qu'on attend depuis de longs mois avec une impatience redoutable
et qui arrivent à se poser à Paris par la grace d'une soirée Rock Is Dead ?.
Il s'agit bien sur des Flashguns, venus fondre sur la capitale à une vitesse foudroyante.
Ce ne sera bien sûr pas les seuls éclairs à venir nous éblouir ce soir mais quand une force est concentrée quelque part, elle a toujours du mal à s'éparpiller...
Au programme trois groupes anglais, comme d'hab, et ce coup-ci pour chauffer le tout et préparer la sauce, les français de The Yolks, pour qui la Flèche d'Or n'a plus de secret.
C'est avec plaisir qu'on les retrouve ici avec leurs chansons sautillantes comme des poussins sortis du nid.
Partis au début sur une veine pop délicate, ils ont opéré un savant virage spatial, gardant leurs bases propres mais se tournant vers une stratosphère illuminée d'étoiles phosphorescentes. Si Lazy On Sunday ou Temptation restent fidèles à ces bases, Aim Spaceship ou Cyborgs United annoncent bien la couleur. Le tout parsemé de slogans ravageurs (Stop Working) ou d'histoires piochées dans Les Animaux Du Monde (G.I.R.A.F.E.).
Au final, un set bien plus que sympathique et un groupe à potentiel expansible.
Blighters étaient, jusqu'il y a peu, inconnus de nos services. Après avoir dépêché des agents qualifiés par voie express, nous avons vite tout su sur eux. Sauf leurs prestations live que l'on se devait de juger de visu.
Dans tous les cas, un groupe qui cite Big Country (!), ABC (!) et Good Books (!!!) parmi leurs influences mérite que l'on redouble d'attention à son sujet.
Trio mené par le fougueux Jamie Delaney (qui chante comme Julian Cope...), ils repartent là où en était resté le post-punk avec cette espèce de pop survitaminé aux choeurs vigoureux, comme si The Cribs reprennaient tous les standards d'Orange Juice ou les Mystery Jets ceux de The Bluebells. Le tout parsemé d'un nouveau romantisme ambiant à la Duran Duran de l'époque et reminiscent de Haircut One Hundred, le fameux groupe de Nick Heyward.
Pas de temps mort dans ce set, des classiques en devenir comme The Exam, Boys In Motion ou Be You Own Hangman. Tout va très vite, Jamie a juste le temps d'enlever son foulard et sa veste so british, de nous jouer deux nouveaux morceaux, Extras et Heartbeat (un tube en puissance), que l'on se demande vraiment pourquoi tout s'arrête sans prévenir.
Nous restons scotchés au parquet après cette prestation de haute volée par un groupe où aucune trace d'andouille ne sera relevée.
Restait aux Flashguns de ne pas s'en laisser compter et de prouver leurs compétences naturelles. Forts d'un single paru en 2008 (Timehouse Blue) et d'un second (Locarno) produit par Stephen Street, leur passage fera date ! Après une attente d'un quart de siècle, les voilà enfin, les Sam, Giles, Ollie et Olly. Pour qui l'on a tout sacrifié, même un beau concert des Fleet Foxes.
Bells At Midnight ouvre les festivités avec cette basse exaltée, ce glockenspiel féerique, cette guitare malicieuse, cette batterie lumineuse et cette voix angélique.
C'est de la pop qui tourbillonne, qui enchante, qui enflamme les sens. Devant autant à The Cure qu'à The Smiths, elle ne demande qu'à rivaliser avec ces ainés-là. Avec juste ce qu'il faut de complexité intérieure et d'ouverture d'esprit, elle allie ingéniosité et adresse.
Le fameux Locarno en est la preuve éclatante. Et sur sept morceaux, on comptera pas moins de quatre inédits à faire belle impression ! Un groupe en perpétuel mouvement, vous dis-je !
On regrettera notamment l'absence de Good Witch Bad Witch mais un groupe qui se paie le luxe de passer outre son premier single, faut le faire !
'Short and Sweet' comme ils ont dit ! Et c'est vrai que le set dépassera à peine la demi-heure, se terminant par un St George à prier les saints deux par deux, il paraît que ça va plus vite...
Subjugués, impréssionnés et ravis, nous sommes.
Le futur leur appartient déja, le cosmos aussi.
On aurait pu en rester là, mais non, car il y avait Milke qui frappait au portillon.
Et il fallait essayer de surévaluer ce que l'on avait pu entendre d'eux. La présentation est très soignée pour le chanteur et le savoir-faire est évident mais il se retrouve au service d'ersatzs de chansons tendance pop électro de rien du tout qui peinent à satisfaire même si le single (Love Get Out Of My Way) ou Just 1 More Kiss pourraient s'écouter jusqu'à deux fois.
Le préfabriquage est intense et l'on se prend à prononcer un vilain mot: 'putassier'. Ce qui n'est pas bien du tout mais la chose est suffisament rare pour être prononcée. On s'ennuie autant que Paris sous la pluie en décembre. Peut-être pire...
On n'en retiendra pas grand chose sinon qu'on est certain qu'ils ne passeront jamais à la postérité.
Une soirée Rock Is Dead? qui restera de haute volée de part son degré spatial, angélique et tourbillonnant.
Avec Flashguns en premiers de la classe (et on se demande presque comment ils ont fait, tellement tout rime avec talent et panache...) et Blighters en seconds (éternels ?) qui se voudraient calife à la place du calife et qui ne sont pas très loin de réussir.