En vingt-cinq ans de carrière, c'est le deuxième passage des Sisters Of Mercy, à Paris, et en France tout court. Mais pour remettre les pendules (gothiques) à l'heure, il faut même préciser que leur premier passage date d'il y a trois ans. Avant cela le 'sieur Andrew Eldricth boudait délibérément notre belle nation. Et bien, pour les mettre vraiment bien à l'heure, une précision d'horloge atomique, j'irais jusqu'à dire nous avons assisté ce 7 mars 2009 au premier grand concert des Sisters Of Mercy, tous les éléments étaient réunis pour en faire un événement exceptionnel : une vraie salle (et non pas ce f***** Zénith), une setlist d'anthologie et un public en joie. Bien inspiré, il était nombreux puisque le Bataclan, amputé d'un photo pit, affichait complet. The Sisters SOLD OUT of Mercy pouvait on lire sur le fronton de la salle en entrant.
La soirée avait bien commencé par iLiKETRAiNS dont le rock sombre à guitares et voix graves allait parfaitement avec leurs ainés, de Leeds également. Sans projection vidéo leur set perd un peu en intensité, et il faudra quelques titres pour réchauffer l'atmosphère et lancer la machine. Reste à vérifier si cette panne cinématographique est liée au départ d'Ashley Dean ou à leur position de première partie. Le choix audacieux des titres pour ce dernier concert de la tournée ne facilite pas non plus les choses. En cinq titres, le groupe a laissé la place à une face B et deux nouveaux titres : Divorce Before Marriage et A Sea Of Regrets, leur prochain single. Spencer Percival termine le concert dans un déluge apocalyptique, le public des Sisters apprécie ce groupe qui reprend les ambiances du rock gothique anglais moins la fascination pour Lovecraft et les déguisements. Les iLiKETRAiNS préfèrent les uniformes de la marine du XIXème siècles et les faits divers.
Quand les lumières s'éteignent, on est d'abord surpris que la scène ne soit complètement recouverte par la fumée. On aperçoit même la nurse au look de Hell Angel en charge du Doktor Avalanche, la boîte à rythmes du groupe. C'est sans compter sur l'intro instrumentale qui traine en longueur et laisse le temps aux canons à fumigènes de faire leur boulot. Lorsque le groupe arrive sur scène on n'y voit plus rien. Le concert peut réellement commencer, par un Crash And Burn qui donne le ton. Les morceaux s'enchaînent à un train d'enfer. A peine le temps de dire ouf, que le quatrième titre démarre, il s'appelle justement Train et il est enchainé sur Detonation Boulevard. Et tout cela va tellement vite, que ce medley se fera en moins de quatre minutes soit moins que la durée de chacune de ces chansons sur disque. Mais les disques, ce groupe s'en fiche, voilà quinze ans qu'il n'en a pas sorti bien qu'il écrive de nouveaux titres, le quart de la setlist est ainsi constitué d'inédits.
Ce concert fait la part belle aux très vieux morceaux, comme si les Sisters rattrapaient ainsi des années d'absence sur le sol français. Quel bonheur d'entendre un même soir Alice, Floorshow, Anaconda et Temple of Love, des classiques sortis il y a vingt-cinq ans. Depuis la dernière fois, le groupe semble avoir revu pas les arrangements des chansons qui gagnent en intensité et sont parfaitement incarnées par ce line-up qui n'a rien à voir avec celui qui les a écrites. Le groupe actuel ne compte que deux musiciens, en l'occurrence deux guitaristes, l'un qui ressemble à un punk sorti d'un roman de sciences fiction et l'autre qui a dû en son temps être fan des Guns 'n' Roses. La basse manque sur certains morceaux, le Doktor Avalanche en prend une partie en charge.
Une setlist parfaite, un son remarquable et un événement rare, le public parisien est particulièrement enthousiaste et cette joie se communique au groupe. Malgré les fumigènes abondants, on a vu le très austère Andrew Eldritch faire le pitre avec le public sur Alice et même... sourire pendant This Corrosion. Quant à Chris May et Ben Christo ils ont fait leur numéro avec brio, ce jeu culminant pendant Top Nite Out en rappel qui leur a donné l'occasion de faire une jolie partie de duel en mode Guitar Hero.
Dear Sisters of Mercy, revennez quand vous voulez.