Après avoir conquis le Théâtre du Châtelet en septembre dernier, et avant de revenir dans la capitale au mois de juin 2010 pour leur premier Stade de France, Muse faisaient escale hier soir au Palais Omnisport de Paris Bercy dans le cadre de leur tournée européenne d'automne. Une nouvelle occasion de profiter dans les conditions live de leur très réussi dernier album, The Resistance, mais aussi de retrouver sur scène les écossais de Biffy Clyro en première partie.

Lorsque les lumières s'éteignent une première fois sur le coup de 19h30, c'est une salle d'ores et déjà copieusement remplie qui accueille le trio placé en front de scène alors que trois imposantes et mystérieuses tours occupent la majeure partie de l'espace derrière le groupe. Après un premier passage difficile dans cette même salle aux côtés de Linkin Park en 2006, c'est un accueil presque chaleureux que le public de Muse réserve à Biffy Clyro, chaque titre se voyant applaudi avec une certaine ferveur tandis que les premiers pogos du soir sont à imputer à un détonnant
That Golden Rule rapidement conforté par
The Captain. Si l'acoustique de la salle semble desservir la prestation durant les premières minutes,
Who's Got A Match? et
Bubbles, plus posés mais tout aussi catchy que leurs deux prédécesseurs, confirment ainsi la bonne impression initiale.
Le groupe est visiblement satisfait d'être là et le fait savoir dans un français appréciable (« Nous sommes Biffy Clyro, nous venons d'Ecosse ») avant de poursuivre un set dont la durée ne dépassera pas ce soir la demi-heure.
Living Is A Problem Because Everything Dies relance la machine avec une belle énergie tandis que Simon Neil ne ménage ni sa voix ni ses cris, avant toutefois d'accorder un break à la salle avec un
God And Satan apaisé, voire touchant, et proche de l'acoustique avant une montée finale plus électrique. Une ambiance tranchant toutefois nettement avec l'introduction de
Glitter And Trauma puis le final que constitue
Mountains, très réussi dans une version dépourvue de piano. Des retrouvailles françaises indéniablement réussies pour le trio écossais face à un public réputé difficile, en attendant une date en tête d'affiche prévue au Trabendo le mois prochain.

L'attente après cet échauffement ne dépasse guère les trente minutes mais se déroule d'une manière quelque peu étrange. En effet, une fois le matériel de la première partie déménagé, plus aucune activité n'est visible pour la majorité des personnes présentes, à l'exception d'une frange du public exceptionnellement installée derrière la scène. Lorsque la salle se retrouve à nouveau plongée dans le noir à 20h30, les trois tours hautes de plusieurs mètres s'illuminent sous un tonnerre d'applaudissements et entament la diffusion d'images de synthèse à base d'ombres humaines. Quelques minutes plus tard, les draps entourant ces mêmes tours s'abaissent, laissant les trois membres du groupe débuter
Uprising sur des plateformes situées à plusieurs mètres du sol ! L'effet de surprise, tout aussi visuel que musical, est une réussite, et la diffusion à 360° de nombreuses images de synthèse mêlées à des vidéos filmées en direct sur ces tours ne fait que renforcer l'impression d'assister à une mise en scène exceptionnelle.
Après ce premier titre en passe de devenir l'un des plus populaires de la formation, c'est avec
The Resistance que le groupe poursuit sa conquête avec sérieux, avant que la salle ne rentre dans une transe collective avec un
New Born puissant et accompagné de moult lasers illuminant la salle, quand bien même l'absence de Mathew Bellamy derrière le piano pour son introduction est quelque peu dommageable. Les colonnes sur lesquelles les trois musiciens sont juchés descendent alors progressivement au niveau de la scène, renforçant une certaine proximité avec le public et un claviériste presque caché jusqu'alors. Conforme aux attentes, la setlist du soir ne recèle pas de réelle surprise et fait la part belle à la discographie la plus récente de Muse.
Map Of The Problematique et
Supermassive Black Hole, ainsi que le très apprécié
Starlight plus tard dans la soirée, font ainsi honneur à
Black Holes And Revelations, tandis que
Hysteria et
Time Is Running Out sont eux aussi à créditer d'une belle énergie déployée et que
Cave, dans sa version piano, comble les fans de la première heure sans toutefois masquer complètement l'absence quasi-totale titres extraits de l'album
Showbiz.
Comme à son habitude, le groupe limite sa communication au minimum, saluant malgré tout la salle à quelques reprises, notamment par la voix du batteur Dominic Howard dont l'estrade tourne sur elle-même à intervalle régulier comme pour mieux saluer l'ensemble du public. Après deux titres moins convaincants,
Guilding Lights puis un
Undisclosed Desires manquant de relief et de rythme, c'est avec
Plug In Baby, accompagné d'une pluie de ballons sur la fosse, et
Unnatural Selection que le trio fait à nouveau parler sa puissance avant de quitter les lieux une première fois. Après quelques minutes, le rappel peut alors débuter par un
Exogenesis Part I : Overture dispensable avant la doublette finale
Stockholm Syndrome/Knights Of Cydonia irrésistible et accompagnée une fois encore d'un déluge d'effets visuels à la hauteur de la prestation du groupe.
Si la mise en scène grandiose a indéniablement propulsé le groupe vers les sommets, la qualité de la prestation en elle-même et une setlist calibrée pour faire vibrer les stades sont aussi à souligner après le tour de force réussi par Muse pendant près de deux heures face à plus de 15000 personnes comblées à l'heure de retrouver la fraîcheur de la nuit parisienne.