Après avoir surfé sur la vague du succès durant les douze mois ayant suivi la sortie de
To Lose My Life, se payant même le luxe d'investir deux soirs successifs la prestigieuse Brixton Academy de Londres, White Lies peinent depuis le début d'année 2011 et la parution de
Ritual à retrouver la même dynamique qu'à leurs débuts. A l'image de la mise en bouche proposée à la Flèche d'Or en décembre dernier, le concert donné ce 22 mars à la Cigale de Paris aura assurément rassuré le public du trio sur un talent scénique demeuré intact.
En dépit de la forte concurrence régnant dans la capitale ce même soir avec les présences conjuguées de The Kills, Marianne Faithfull ou encore Cat's Eyes, une file d'attente de plusieurs dizaines de mètres s'étale le long du Boulevard de Rochechouart bien avant l'ouverture des portes de la Cigale. Quelques minutes plus tard, c'est une salle remplie aux trois quarts que l'on retrouve, avec un balcon certes dégarni mais une fosse dense dont les premiers rangs sont majoritairement tenus par des adolescentes et un contingent britannique fidèle à la formation.

Sur le coup de 20h, la première partie du soir,
Crocodiles, fait son apparition. Précédé par une réputation flatteuse et un second album,
Sleep Forever, salué par la critique, le duo de San Diego mené par Brandon Welchez et Charles Rowell, tous deux anciens membres de The Plot to Blow Up The Eiffel, se présente sur scène sous la forme d'un quintet bruitiste oscillant entre des racines punk, des atmosphères psychédéliques et des guitares fortement influencées par le shoegaze. Le public ne résiste pas plus de quelques secondes au talent de la formation dont les compositions hypnotiques font mouche, quand bien même Brandon Welchez semble parfois trop possédé ou exalté au chant derrière ses lunettes de soleil pour ne pas inspirer une certaine méfiance. Point de discours inutiles ou flatteries durant cette courte demi-heure, juste une performance de haute-volée augurant le meilleurs lors du retour de Crocodiles en tête d'affiche à la Flèche d'Or le 8 avril.
C'est une salle chauffée à blanc que l'on retrouve trente minutes plus tard lorsque les lumières de la Cigale s'éteignent. Bruyant, le public accueille la formation, complétée par deux musiciens placés à la guitare et aux claviers, par un lâché de ballons bon enfant initié par la frange féminine de la fosse. Sur scène, le quintet souriant à son arrivée ne laisse guère de place à l'improvisation et entame immédiatement
A Place To Hide puis
Holy Ghost. A l'image de ces deux premiers titres, la majorité des nouvelles compositions de White Lies gagnent en intensité ce qu'elles perdent en propreté dans les conditions live : le son se veut puissant, la batterie perforante et le chant de Harry McVeigh, discret ce soir, plus approximatif mais aussi plus humain.

Si la maîtrise du groupe dans l'interprétation est en effet admirable et que les jeux de lumières parfois aveuglants sont taillés pour les stades, on aimerait parfois plus de relâchement d'une petite troupe parfois trop scolaire.
Il faut ainsi attendre une interprétation réussie de
To Lose My Life pour voir la salle totalement s'enflammer une première fois avant que
Strangers ne s'impose comme l'un des temps forts de la soirée. Si
Farewell To The Fairground ou le percutant
Death font sauter la fosse du premier au dernier rang,
Streetlights ou
Bad Love provoquent une baisse de tension regrettable, qui plus est en raison de l'absence inexplicable de
From The Stars.
Le rappel, calibré pour provoquer une ultime accélération, est a contrario une réussite. Tout d'abord avec un
Unfinished Business très attendu avec que
The Power & The Glory, sous forme de ballade, ne permette au groupe de temporiser avant de tirer sa dernière cartouche avec
Bigger Than Us adopté par les fans depuis sa présentation en fin d'année dernière.
Semblant parfois opérer en pilotage automatique et sans véritable prise de risque ce soir, White Lies n'en restent pas moins un groupe taillé pour la scène avec un croisement de rock de stades et de synthés typiquement 80s. Un supplément d'âme ne serait malgré tout pas de trop pour permettre au trio de franchir un cap et concurrencer un jour ses glorieux aînés.