logo SOV

The Pleasure Dome

Liminal Space EP

The Pleasure Dome - Liminal Space EP
Chronique Single/EP
Date de sortie : 10.05.2024
Label :Hound Gawd! Records
3
Rédigé par Adonis Didier, le 10 mai 2024
Bookmark and Share
Pourquoi donc sortir un EP moins d'un an après son premier album ? Eh bien, un peu pour la même raison que l'on se retrouve à réexpliquer devant une pizza sans olives qu'on aime les longues balades sur la plage et les câlins au coin du feu : une envie de changement, et des êtres humains qui n'étaient pas faits pour passer plus de temps ensemble. The Pleasure Dome, un nom à ne pas taper sur Google Images, et un projet presque solo de Bobby Spender qui a donc encore changé de line-up, avec l'arrivée de Loz Fancourt à la basse, et de Harry Flowers en qualité de cinquième batteur de l'histoire du groupe.

L'occasion pour Bobby de faire un peu ce qu'il veut et d'aller explorer par-ci par-là, hors de l'horizon monomaniaque et déjà has-been du post-punk bristolien qui constituait l'intégralité du premier album Equinox. Mais dis-moi Jamy, ça change vraiment un truc cet EP ? Et si oui, c'est mieux ou c'est pas mieux ? A la première question, on répondra que oui, ça change, et ça change surtout à l'intérieur même de l'EP. Cinq vraies chansons, et pas une seule explorant la même direction, alors ne prenez pas trop Liminal Space pour une œuvre définitive avec un style et un message à faire passer, l'objet est ce que certains appelleraient un EP de transition, ici poussé à l'extrême du brouillon complet avec un objectif simple : tester des trucs.

The Duke Part II (Friends & Enemies) pose un point de départ connu, du post-punk à la mélodie présente mais incertaine, au rythme irrégulier, avec des petits chœurs mignons. Une recette sûre, bien exécutée, à l'originalité d'une bavette à l'échalote avec des frites. Your Fucking Smile embraye en traversant la mer pour atterrir dans le noise-punk énervé qui bourgeonne partout en Irlande, la chanson tabasse, dézingue, ventile, ne se permettant un temps mort que pour prendre une grande respiration et terminer en hurlant comme un goéland affamé. Epuisé de tant de vociférations, l'ami Bobby se pose au coin du feu, sort son banjo, et tape du pied pour la courte, bluesy, et improbable Sugar, avant de reprendre le cours des choses sur A Shoulder To Cry On. Sûrement la meilleure chanson de l'EP, sûrement pas la plus originale, une épaule pour pleurer dans laquelle The Pleasure Dome nous glisse un bourdon de basse saturé sur lequel s'éclatent voix, traits de guitare acérés, et roulis de batterie, comme un dernier test de la formule post-punk avant d'aller voir du côté de chez Swann. Suicide, entraînement de rigueur à la ballade de fin de disque, nous donne pour finir une guitare acoustique brillante et pleine de reverb', surplombée d'un mec aux cheveux longs qui s'éclate la voix pour le plus grand plaisir de ses voisins.

En bref et en conclusif, et aussi parce qu'on ne va pas passer trois heures à disserter sur un brouillon, l'EP Liminal Space est un terrain de jeu intéressant pour The Pleasure Dome et Bobby Spender dans l'optique d'un deuxième album, mais de là à dire qu'on y a vu quelque chose qui va révolutionner l'univers du rock anglais, il y a un Rubicon que l'on ne franchira probablement pas de sitôt.
tracklisting
    01. The Duke Pt. I
  • 02. The Duke Pt. II (Friends & Enemies)
  • 03. Your Fucking Smile
  • 04. Sugar
  • 05. A Shoulder To Cry On
  • 06. Suicide
  • 07. The Duke Pt. I & II (Friends & Enemies)
  • 08. Your Perfect Smile
titres conseillés
    A Shoulder To Cry On, Your Fucking Smile
notes des lecteurs