Chronique Single/EP
Date de sortie : 21.02.2025
Label :Nice Swan Records
Rédigé par
Bertrand Corbaton, le 17 février 2025
Évitons de refaire toute la fiche d'identité de Chalk, nous en sommes aujourd'hui au troisième volet des EP Conditions et la crainte de redondance est plus forte que l'envie d'apprendre aux retardataires qu'il faut absolument se pencher sur la musique de ces jeunes gens qui, entre Dublin et Belfast, s'imposent comme un des groupes irlandais à suivre.
L'impression de lire ces lignes chaque fois qu'un groupe venu d'Irlande pointe son nez risque de réellement devenir prégnant, et pourtant que voulez-vous y faire. Il n'est plus question de simple hype, et il faudra bien vous faire admettre qu'il se passe quelque chose depuis plusieurs années à cet endroit de la terre.
Chez Chalk, pas de post-punk tel que vous pourriez l'entendre, il n'est pas question de faire quoi que ce soit qui pourrait évoquer les fers de lance la scène irlandaise actuelle. Au moins, faudrait-il peut-être remercier Gilla Band d'avoir ouvert la voie au marteau piqueur. Car à certains égards, Chalk empruntent ce même terrain ravagé par la fureur. Certes, ni les précédents EPs, ni ce Conditions III, n'ont en eux la violence qui suinte de toutes les pores, à l'instar de ce que pourraient produire Gilla Band. Néanmoins, ne tardez pas à réécouter l'incroyable Velodrome, car celui-ci a en lui une énergie sombre qui à certains égards, pourrait agir en trompe-l'œil.
Mais Chalk savent faire bien autre chose, et un titre comme Bliss sur Conditions II nous permettait à l'époque de mieux comprendre de quoi il en retournait. Le trio sait lever le pied, jouer sur des terrains plus lisse, s'ouvrir à d'autres horizons. Conditions III nous conforte un peu plus dans cette idée. Moins physique que Conditions I, moins accessible que Conditions II, Conditions III élargit un peu plus le spectre des compétences de la talentueuse formation sans pour autant totalement la faire dévier de ses rails.
Leipzig 87 sonne comme une petite pièce électro-indus dark et difficile à percer, qui peine à trouver sa voie, et s'apparente plutôt comme une intro angoissante au remuant Afraid et à son riff dévastateur. Voilà qui nous ramènera sans peine aux meilleurs moments de Conditions I. Tell Me a le mérite de calmer le jeu, tout du moins en apparence, car si votre corps est moins martyrisé, votre cerveau est salement malmené par l'ambiance angoissante des boucles électroniques et le chant halluciné de Ross Cullen. Pool Scene ralentit encore un peu plus le tout, mais dégage la même ambiance de stress avant de se terminer dans une espèce de big beat étrange. C'est franchement brillant, car la palette du groupe est à la fois large et très personnelle.
Néanmoins, Chalk n'ont plus vraiment besoin de nous appâter de la sorte, et l'attente de dix mois entre chaque nouvel EP doit désormais cesser. Il va sans dire qu'un LP est dorénavant attendu et exigé.