Bien qu'ayant déjà sorti deux albums, Phoebe Green revient au format EP, un terrain de jeu qui lui permet d'explorer librement de nouvelles sonorités. Avec Ask Me Now, paru il y a un an, elle s'aventurait dans une pop électronique feutrée et un peu lisse. Aujourd'hui, The Container marque un virage plus abrasif : un son écorché qui contraste merveilleusement avec ses mélodies accrocheuses et sa voix vibrante.
Si la direction musicale évolue, sa méthode d'écriture reste inchangée. Elle commence toujours par les textes, nourris de ses expériences et de ses relations, avant de s'isoler dans sa chambre pour composer la musique qui les habillera. Une fois ce travail introspectif accompli, pour The Container elle est passée en studio avec Ric Levy. À deux, ils ont façonné un son précis et émouvant.
En studio, ils ont conservé ce son bricolé, fait de multiples couches de synthé et d'effets qui rappellent une musique conçue sur un laptop, renforçant ainsi cette impression d'intimité. Pourtant, la production soignée apporte une réelle profondeur au rendu, sculptant chaque détail pour capter l'attention et en décupler l'impact.
Rage Of A Kid, tout en montée en puissance, illustre parfaitement la colère juvénile qui affleure sous une mélodie douce et faussement inoffensive. La distorsion des nappes de synthé tranche avec l'orgue rythmique, tandis que sa voix cristalline ajoute une tension poignante. What Are You Doing, plus percutant, déploie une énergie quasi symphonique, portée avec assurance par la voix de Phoebe Green qui évoque par moments l'intensité de Kate Bush. Sur Precious Things et I Could Try To Change, c'est le chant qui devient le terrain d'expérimentation, s'entremêlant en polyphonies sur une rythmique martiale et des textures électroniques plus froides.
L'EP se clôt tout en douceur avec IV une ballade réconfortante au coin du feu qui permet à la tension de retombée. The Countainer est la parenthèse d'une artiste expérimentée qui se cherche encore et livre un concentré d'émotions simple et puissant.