YARD

Que vous soyez catholique pratiquant ou amateur de BDSM (l'un n'empêchant pas l'autre), vous savez bien que si quelqu'un vous gifle la joue droite, il faut tendre la gauche. Or, la claque reçue en mai dernier avec le premier EP éponyme de YARD appelait forcément un petit goût de reviens y. Le tout aussi sobrement nommé YARD II, attendu pour le 21 novembre, acte le retour de YARD (tandis que la veille, Yard Act feront leur retour au Zénith de Paris, mais cela est une autre histoire qui fera l'objet d'une chronique séparée, rédigée par un brillant collègue de Sound Of Violence ou par Adonis Didier). Au programme de ce deuxième volet, déluge sonique, intensité industrielle, guitares explosives et déflagrations électroniques. Si vous aviez aimé avoir mal avec YARD, vous allez adorer souffrir avec YARD II.


Composé de deux titres inédits (Essential Tremor et Friction) ainsi que de trois singles revisités (Lawmaker, Big Shoes et Auto Erotic), YARD II forme avec son prédécesseur un diptyque qui sortira en version intégrale sous la forme d'un vinyle en édition limitée venant clore la première période du trio. Plus massif et plus physique, le disque impose une dominante rock et une cohérence presque monolithique.

Là où Trevor, sur leur premier essai, naissait de boucles et de drops électroniques, Essential Tremor est porté par des guitares puissantes et des percussions martiales. Friction suit cette même ligne, mais dans une atmosphère plus lente et poisseuse. Les relectures de Big Shoes et Lawmaker (entendu dans House Of Guinness sur Netflix) font le pont entre les deux EPs, toujours électroniques mais avec un son plus post-punk, plus tendu. Le dernier titre, Auto Erotic, tranche avec le reste. Plus nuancé avec ses nappes hypnotiques, ses guitares vaporeuses et le chant moins frontal d'Emmet White, il laisse entrevoir un nouveau chemin pour le groupe.


Plus encore que son prédécesseur, YARD II affirme une écriture à vif. Sous la rage et la sueur, les textes abordent frontalement ce que la génération dublinoise vit dans sa chair, la peur du corps qui lâche, la précarité financière, la fatigue sociale ou le rapport ambivalent à l'intimité. Tous ces thèmes infusent le disque comme des décharges électriques. Là où d'autres groupes crient pour exister, YARD semblent crier pour comprendre. Chaque morceau agit comme un symptôme, le disque entier comme un diagnostic.

Si vous étiez passé à côté de leur premier EP, ce second s'avère une bonne porte d'entrée dans l'univers de YARD, surtout pour les auditeurs plus sensibles à l'intensité rock qu'aux beats électroniques. Après ces deux coups de semonce en forme d'avertissement au petit monde électro-punk, les Irlandais sont prêts pour le grand saut du premier album qu'on rêve aussi sauvage et encore plus aventureux. À peine terminé, on en redemande déjà. Il n'y a pas de mal à se faire du mal.