The Cure

Pour faire patienter les fans, qui attendent toujours une date de sortie pour le futur nouvel album du groupe, The Cure publient donc une réédition de Wish, disque sorti voilà déjà trente ans et qui est, de l'avis communément partagé, le dernier très bon disque du groupe, les quatre suivants alternant entre le pas trop mal (Bloodflowers et The Cure) et le pas terrible du tout (Wild Mood Swings et 4:13 Dream). A l'origine, Wish devait être accompagné d'un album instrumental (Music For Dreams), mais finalement ce second projet est tombé à l'eau, seul une K7 quatre titres, Lost Wishes, voyant le jour, et étant vendue uniquement par correspondance par la maison de disques du groupe de l'époque.

Trois disques constituent donc cette réédition. Sur le premier, on a droit l'album original fraîchement remasterisé, et le moins que l'on puisse dire, c'est que Robert Smith et Miles Showell ont fait du très bon boulot. Dès les premières notes de Open, on perçoit un son beaucoup plus « chaud » que le mix original, avec une basse moins proéminente, et ce au contraire des parties de guitares qui (re)surgissent au premier plan. Il en va de même avec les deuxième et troisième voix de Robert Smith, désormais au même niveau sonore que la première. Et tout cela fait que l'on redécouvre Wish avec un réel plaisir. Alors certes, ce n'est pas cette remasterisation qui va faire en sorte que les morceaux les plus faibles de l'album, par exemple Wendy Time ou Cut, vont devenir soudainement des chefs d'œuvre, mais cela permet en revanche de donner une profondeur insoupçonnée à Apart, avec la voix chuchotée de l'anglais très en avant, mais également de mettre en valeur les très belles parties de guitares de Doing The Unstuck. Confirmation aussi à la réécoute de ce disque que To Wish Impossible Things est vraiment une des plus belles chansons que les Cure aient créées, ainsi que l'énonçait Robert Smith dans un récent tweet. Bref, mission accomplie pour ce premier disque.

Sur le deuxième disque, des démos, instrumentales ou non, de titres présents sur l'album ainsi que des faces B, mais aussi des titres instrumentaux, assez courts, encore jamais dévoilés. Et comme souvent avec une telle configuration, il y a un peu à boire et à manger sur ce disque. On comprend ainsi que des titres comme T7, T6 (qui repompe allègrement Sinking), Heart Attack, Swing Change et surtout Frogfish, assez horrible avec un duo clavinet/saxophone, soient restés dans les cartons et n'aient pas constitué l'album d'instrumentaux un temps envisagé. A contrario, Miss Van Gogh, Abetabw, T8 et surtout l'excellente Now Is The Time auraient parfaitement pu finir sur un album, soit en tant qu'instrumentaux, soit en tant que morceaux chantés. Au niveau des demos, on trouve des instrumentaux déjà très aboutis (This Twilight Garden, quelle merveilleuse B-side quand même), et aussi deux curiosités, à savoir une version lente de Cut qu'il n'est pas interdit de trouver supérieure à l'originale, et une Letter To Elise quasi similaire à la version définitive, excepté le solo central, cradingue et dissonant à souhait.

Le troisième disque s'ouvre par les quatre titres – légèrement remixés – qui constituaient les Lost Wishes en 1992. Le résultat est globalement très bon, notamment un Uyea Sound splendide, qui annonce le futur Underneath The Stars. Vient ensuite un inédit instrumental quelconque (A Wendy Band) avant que ne soient alignés six remixes de chansons présentes sur Wish. C'est parfois très curieux (le remix de From The Edge Of The Deep Green Sea avec uniquement les instruments acoustiques jusqu'au solo central), parfois sans aucun intérêt (High, A Letter To Elise), soit trop long (Doing The Unstuck)... Finalement, seul le remix de Friday I'm In Love surnage, avec une introduction mettant bien en valeur cette fabuleuse mélodie. Pour terminer, le groupe a choisi une version de End enregistrée au Zénith de Paris en 1992, et qui laisse espérer la sortie un jour de l'intégralité d'au moins un des trois concerts parisiens donnés à cette époque.

Bilan un peu mitigé donc au final pour cette réédition, qui aurait pu tenir sur deux disques si The Cure s'étaient cantonnés à du contenu présentant vraiment un intérêt. Mais elle constitue néanmoins un amuse-bouche sympathique en attendant le nouvel album !