The Zutons

Il faut bien le dire, personne n'attendait vraiment un retour des Zutons en 2024. Le dernier album du groupe, You Can Do Anything, avait été publié en 2008 et le groupe était depuis en mode silencieux, à l'exception d'une mini tournée anniversaire en 2019. C'est à cette occasion que le groupe s'était rapproché. Puis, lors d'une cohabitation forcée de Dave McCabe, Sean Payne et Abi Harding au moment du confinement, ils s'étaient remis à écrire et composer, renouant avec la cohésion live qui avait leur force à leurs débuts.

La qualité des chansons accouchées par le groupe, pour toujours auteur de l'inoxydable Valerie, aura suffi à convaincre le producteur Ian Broudie et la légende disco Nile Rodgers de les accompagner aux studios d'Abbey Road pour enregistrer The Big Décider.
Loin d'un faux pas ou du disque de trop, cet album est un retour en forme galvanisant. Les Zutons n'ont rien perdu de leur talent à composer des hymnes entre soul et indie pop portés par la voix éraillée de Dave McCabe. Ils ont même gagné avec cette interruption de carrière une certaine fraîcheur qu'ils semblaient avoir perdue après la sortie de Who Killed... The Zutons?.


Le single Creeping On The Dancefloor, qui ouvre les hostilités, est une parfaite introduction : un groove impeccable et une mélodie qui reste dans la tête emballent l'affaire. La suite regorge de belles surprises : Pauline qui commence de façon classique surprend avec ses chœurs disco, In Your Arms est une superbe ballade mid tempo, la sautillante Big Decider donne le sourire tandis que Best of Me, écrite par Dave McCabe lors d'une cure dans un centre de rehab qui lui a permis de devenir sobre, est touchante et pleine d'espoir.

Les neuf titres de l'album portent la discrète marque de Nile Rodgers, avec des sonorités 70s (rhodes, percussions...) et gentiment funk (le groove de Water...), mais aussi la pâte de Ian Broudie, avec une production scintillante et dynamique. Alors même si personne ne l'attendait, ce retour des Zutons s'avère une très belle surprise. Ne s'embarrassant pas du passé, le groupe joue ses meilleures cartes : une efficacité diabolique, le charme du saxophone et de la voix d'Abi Harding, et un talent à inventer des mélodies fédératrices.

Les Zutons sont donc bien loin d'être morts.