Chronique Single/EP
Date de sortie : 12.09.2011
Label :Rock Action/PIAS France
Rédigé par
Julien Soullière, le 13 septembre 2011
On ne voit pas bien comment s’en plaindre : quelques mois à peine après l’éclosion de leur dernier long format, Hardcore Will Never Die, But You Will, les écossais de Mogwai reviennent déjà arpenter la scène musicale indépendante, fiers d’une nouvelle galette de quatre titres. Au menu de celle-ci, des platées aux saveurs tantôt familières, tantôt surprenantes, symboles, non pas d’un renouveau franc, grossier et malvenu, mais de l’inanité des frontières et des genres face à la curiosité d’un groupe décidément bien attachant.
Tout fourbe qu’il est, Earth Division cherche donc à nous désarçonner, et ce dès son entrée en matière. Ainsi, à cent lieues de tout ce qu’il a pu nous proposer jusqu’à maintenant, le quintet se hasarde en terrain classique, et en revient avec une balade au piano dont on ne le soupçonnait tout bonnement pas d’avoir le secret ; un morceau d’une infinie tristesse, bardé de violons et d’étrange, que d’aucuns diront d’ailleurs « à la Erik Satie ». Une chose est sûre : dans sa forte propension au spleen, Get To France n’est pas sans faire écho à la poignante conclusion du disque, un Does It Always Happen? vibrant, chargé d’émotions et de cordes (tout autant frottées et pincées que frappées).
Plus optimiste, Hound Of Winter donne quant à lui l’occasion à Stuart Braithwaite d’enfiler ses frusques de chanteur, et si la voix du monsieur reste aussi transparente qu’à l’accoutumée, le travail fourni sur les arrangements et l’orchestration est, comme souvent chez Mogwai, digne de celui d’un orfèvre. De quoi passer sur un titre également moins original au regard des précédents travaux du groupe (toute proportion gardée, il y a du Cody dans l’air), et de patienter jusqu’à l’arrivé de Drunk And Crazy, véritable moment de bravoure de cet EP : tragique autant qu’épique, évoquant tour à tour les films de Darren Aronofsky et la bande originale du Sunshine de Danny Boyle, ce dernier éblouit par ses nappes électroniques planantes et sa formidable intensité. Sans contrefaçon, la très grande classe.
Avec Earth Division, Mogwai continuent donc leur bonhomme de chemin, en se gardant bien de toute précipitation. Guidés par l’intelligence qu’on leur connait, ils repoussent un peu plus encore les frontières de leur propre univers et nous font dans la foulée la plus jolie promesse qui soit : celle qu'en leur compagnie, les lendemains seront toujours des plus beaux.