Du 25 mai au 30 mai se déroule la nouvelle édition de Villette Sonique, festival éclectique où alternent concerts en salles et en plein air (gratuits). Cette première journée dans la Grande Halle de la Villette était marquée par la double affiche partagée par les post-rockers écossais de
Mogwai et le DJ anglais
Jon Hopkins. Affiche un peu surprenante car ne touchant pas forcément le même public, mais qui au final s'est avérée plutôt complémentaire et équilibrée.
Après la prestation somme toute intéressante et surtout exotique de
James Holden And The Animals Spirits en ouverture, c'est donc la troupe de Glasgow qui investit à son tour la scène. Dans la même configuration qu'au Grand Rex, sept mois plus tôt, (c'est-à-dire avec le jeune Alex Mackay à la guitare officiant à la place de John Cummings, et Cat Myers, doublure sur scène du batteur Martin Bulloch qui ne tourne plus pour raisons de santé),
Mogwai débutent le set très tranquillement avec le classique
Hunted By A Freak. Premier constat, le son est beaucoup moins fort que lors de leur précédente prestation, ce qui n'est pas forcément un mal. Cependant nous reviendrons sur le son un peu plus tard...
Stuart Braithwaite, t-shirt noir, baskets et casquette vissée sur la tête, semble détendu, même s'il conserve ses inévitables mouvements frénétiques qui lui donnent ce côté ultra tendu. Mogwai ne viennent ni présenter, ni défendre un nouveau disque. Il est vrai que
Every Country's Sun est paru il y a seulement neuf mois. D'ailleurs le groupe enchaîne simultanément deux morceaux de cet album:
Crossing The Road Material et
Party In The Dark. Mais à la fin de ce dernier, on entend déjà cette complainte émanant du public : "On n'entend pas la guitare". Un comble pour un tel groupe !
Il faut en effet reconnaître un certain problème au niveau de la restitution sonore de l'instrument. Et ce ne sont pas les trois guitares sur
Rano Pano qui vont vraiment réussir à résoudre cette anomalie. Certes, le son s'étoffe mais il manque toujours cette impression de puissance, de folle électricité qui anime en temps normal les concerts des Glaswegiens. Le concert continue pourtant avec une setlist de qualité. Les morceaux sont piochés dans le répertoire du groupe tout en évitant de sombrer dans le Best Of; Mogwai allant jusqu'à jouer
Ithica 27Φ9, face-b d'un de leurs tout premiers 45 tours (également présente sur la compilation
Ten Rapids rééditée en vinyle à l'occasion du dernier Record Store Day). Le public semble tout de même se contenter du concert, même si la puissance sonore n'est pas au rendez-vous. Il faudra attendre environ une heure pour qu'enfin puissent réellement rugir les guitares écossaises avec une fois encore un
Mogwai Fear Satan de feu.
Old Poisons concluant comme souvent le set du groupe après une heure et quinze minutes.
On s'attendait à un rappel de Mogwai mais celui-ci n'arrivera pas. Le changement de plateau sera d'ailleurs étonnement long entre le set des écossais et le concert du londonien. En effet, trente-cinq minutes plus tard, (alors qu'il en aura fallu moins de vingt-cinq entre le set de James Holden et celui de Mogwai) le noir se fait à nouveau dans la salle, qui s'est bien vidée entre les deux concerts.
Jon Hopkins se positionne derrière ses machines au centre de la scène et débute son set avec
Singularity, plage d'ouverture de son dernier album du même nom. Derrière lui, un écran projette des vidéos avec de nombreuses formes géométriques qui apparaissent et disparaissent, se forment et se déforment tout au long du morceau. Même s'il est moins présent que pour le concert précédent, la Grande Halle de la Villette est à nouveau copieusement garnie par le public. Les corps bougent au rythme de la musique, la soirée tourne à la fête.
Emerald Rush, qui fait suite à cette excellente ouverture, impressionne. Les beats se font puissants et incitent le public à danser encore davantage.
Malgré le fait que Jon Hopkins semble parti pour interpréter son album dans son intégralité et dans l'ordre chronologique, cela n'empêche pas l'apparition de surprises. Alors que les images et autres graphismes continuent d'être diffusées sur l'écran géant, deux femmes viennent rejoindre l'anglais sur scène, se positionnant de chaque côté des machines utilisées par le DJ. Chacune d'elles tient au bout de chaque bras une sorte de bâton lumineux qui semble connecté à la musique dispensée par
Jon Hopkins. L'effet est stupéfiant ! Les mouvements symétriques des deux danseuses produisent un effet incroyable grâce à ces faisceaux de lumière qui changent inlassablement. Celles-ci reviendront à plusieurs occasions sur la scène pour entourer le magicien de l'électronica.
Ce dernier n'interprétera d'ailleurs pas uniquement des morceaux de
Singularity. Il n'oubliera pas de revenir sur
Immunity, son album précédent, dont il extraira le formidable
Open Eye Signal ainsi que
Collider, ce dernier dans une lumière rouge sang assez incroyable. Le classique
Life Through The Veins se faufilera également dans la playlist à la fin de son set.
Jon Hopkins aura proposé ce soir une magnifique prestation et surtout fait danser une grande partie du public. Celui-ci repartira avec le sourire aux lèvres et devra patienter cinq mois avant de renouveler cette expérience cette fois dans la salle du Trianon à Paris, où l'anglais se produira le 26 octobre prochain.