IST IST

Il nous aura fallu un peu de patience et les écoutes successives de trois albums pour enfin découvrir le phénomène mancunien IST IST sur scène à Paris, chez les amis du Supersonic, sur lesquels on peut toujours compter pour attirer dans leur repère le meilleur de l'indie britannique. Ainsi, comme il y a quelques mois avec The Slow Readers Club, groupe de la même région ayant déjà à son actif quelques disques de belle tenue mais injustement inconnu dans notre contrée, IST IST saisissent enfin leur chance pour venir à la rencontre du peuple parisien, qui plus est lors d'un week-end férié estival, ce qui pimente le challenge.

Pour rappel ou pour votre bonne information, IST IST sont apparus dans nos radars en plein confinement, le pur, le dur, celui qui nous a fait redécouvrir les joies du pain fait maison et qui a fait exploser le cours du papier toilette dans les bourses du monde entier. Avides de se mettre du biscuit sous la dent, nous étions donc ouverts à toutes les suggestions et quelle ne fut pas notre surprise de découvrir alors le rock sombre et caverneux des mancuniens, mené par l'incroyable timbre guttural d'Adam Houghton qui, avec Architecture, nous proposèrent une belle série de titres profonds, aux échos pesants mais agréablement enivrants.


Une année et demie plus tard, IST IST revenaient avec leur second opus The Art Of Lying, digérant difficilement une crise sanitaire très mal gérée par un certain Boris, plus enclin à la bamboche qu'au port du masque, recrachant ainsi leur mécontentement dans des morceaux aux tournures rock plus agressives. Puis, en cette belle année 2023, les anglais ont remis le couvert avec Protagonists, où toujours imprégnés des références cold wave omniprésentes dans leur son, ils amorcent un virage peut être un peu plus accessible, favorisant ici des tonalités plus modernes.
La découverte en live était alors très attendue. Le club de la Bastille continuant de proposer des concerts gratuits, ce soir ne fait pas exception et IST IST doivent donc attendre 22h30 et les prestations de deux autres groupes pour enfin faire leur preuve pour la première fois dans la capitale.

Le concert se voit donc réduit à cinquante minutes et impose un choix dans le riche répertoire des musiciens. Est donc favorisé Protagonists qui, avec six morceaux dont les très bons Mary In The Black And White Room et Something Has To Give, confirme la bonne impression faite au sein de la rédaction. Nous sommes alors également ravis d'entendre Fat Cats Drown In Milk, Extreme Greed et l'apocalyptique You're Mine, ce dernier où nous retrouvons pleinement le chant de baryton d'Adam Houghton qui nous avait un peu perturbé lors des écoutes du premier album.


Sur scène, sous un lightshow sombre et opaque, il est alors difficile de cerner les visages et les ressentis du groupe, mais on peut néanmoins deviner que les musiciens ne boudent pas leur plaisir du fait de moult moulinets de bras et de têtes, surtout de la part du claviériste Mat Peters et du bassiste Andy Keating, qui sera le plus loquace en traduisant dans la langue de Shakespeare à la sauce Manchester, c'est-à-dire avec moults « fucking this » et « fucking that », son plaisir d'être enfin parmi nous. Le batteur Joel Kay ne sera pas avare en sourires mais difficile à observer, caché derrière la silhouette imposante d'Adam Houghton, qui restera lui indéchiffrable tout du long.

Ce premier concert parisien est donc un succès, grâce notamment à la présence de quelques spectateurs venus d'outre-manche, apportant la touche mi-fans mi-hooligans chère aux ambiances made in Manchester. Avec moins d'une heure de concert mais sans perdre en efficacité, IST IST nous laissent alors présager grâce à leurs trois albums d'un potentiel bien plus large à exploiter sur scène.